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Retour sur la table-ronde: l’avenir des trains de nuit en discussion

Friday, 23. October 2015
Philippe Koch

Les trains de nuit ont-ils un avenir ? Cette question se trouvait au centre de la table-ronde d’actif-trafiC qui s’est tenue le 22 octobre à Berne. Les près de 60 invités qui ont suivi la discussion se sont vite rendus à l’évidence en écoutant Armin Weber, le chef du transport international de personnes des CFF : l’offre de trains de nuit ne revêt pas une importance stratégique pour les CFF ou la Deutsche Bahn (DB). Les CFF misent en ce moment essentiellement sur les liaisons de jour pour les transports sur de longues distances, donc sur les TGV dans un rayon de 4 à 6 heures.

Tant Joachim Holstein (membre du Conseil d’entreprise de la DB Sàrl) que Jürg Streuli (journaliste ferroviaire) ont plaidé pour une vision plus holistique incluant les liaisons de nuit comme partie intégrante de l’ensemble de l’offre des compagnies de chemins de fer et de ne pas seulement analyser des trajets particuliers sous l’angle de la gestion d’entreprise. Les trains de nuit satisfont d’une part une demande spécifique ne pouvant pas être couverte par des trains de jour, des avions ou des bus. D’autre part, les trains de nuit amènent également des passagers·ères pour les trains de jour dont la demande diminuerait si les trains de nuit correspondants étaient supprimés. La demande pour les trains de nuit est toujours bonne pour le moment, alors même que  les compagnies ferroviaires n’investissent quasiment plus dans la publicité ou le service à la clientèle de ce segment.
 
Aline Trede (co-présidente d’actif-trafiC) a déploré lors de la discussion l’absence de volonté politique pour maintenir les trains de nuit. Le Conseil fédéral, contrairement à ses déclarations, aurait la possibilité d’établir une offre minimale de liaisons de nuit dans les objectifs qu’il fixe aux CFF. Les CFF, quant à eux, pourraient mettre à disposition cette offre en collaboration avec d’autres compagnies de chemins de fer. Mais jusqu’à présent, la volonté politique de promouvoir les voyages vraiment durables et de mettre les modes de transport sur un pied d’égalité fait cruellement défaut. Armin Weber, à la fin, a abondé dans le même sens et plaidé pour une suppression des avantages fiscaux accordés au trafic aérien et de bus. Si cette suppression devenait une réalité, les CFF pourraient maintenir un large éventail d’offres ferroviaires.
 
La table-ronde a montré qu’il existe une marge de manœuvre politique et entrepreneuriale pour préserver l’offre de trains de nuit à l’avenir. Mais les intervenants craignaient aussi que le vieillissement et le non-remplacement du matériel roulant causent la fin des liaisons de nuit, faute de wagons adéquats.
 
actif-trafiC exige dès lors :

  • que le Conseil fédéral inclue une offre minimale de trains de nuit dans les objectifs stratégiques fixés aux CFF
  • que les CFF s’engagent auprès des autres compagnies ferroviaires (en particulier la Deutsche Bahn et la SNCF) pour maintenir l’offre de trains de nuit existante depuis la Suisse et d’en améliorer la qualité
  • que les CFF participent à l’achat de nouveau matériel roulant
  • que les CFF s’engagent en faveur d’une plateforme européenne d’horaires et de billetterie, pour que la clientèle puisse consulter et acheter en ligne ou au guichet les billets pour des voyages transfrontaliers
  • que les CFF examinent quelles sont les conditions nécessaires pour des liaisons de nuit couvrant leurs coûts.

Pour plus d’infos: Philippe Koch · directeur d’actif-trafiC