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Action « Sauvons les trains de nuit » – Genève, 19 juin 2015

Monday, 22. June 2015
Philippe Koch

Dans le cadre d’un week-end européen d’action. La tendance est claire : chaque année, de nouvelles liaisons en train de nuit disparaissent, allongeant sans cesse la liste, déjà longue, de trains supprimés. La riposte s’organise à l’échelle européenne avec le week-end d’action « Sauvons les trains de nuit », inauguré par l’action d’actif-trafiC ce vendredi matin à la gare Cornavin à Genève. 

Quelques unes des liaisons en train de nuit depuis la Suisse qui ont disparu entre 2010 et 2014 :
Genève – Barcelone   Berne – Rome   Zurich – Prague  
Bâle – Copenhague    Lausanne – Hambourg  Genève – Quimper  
Bâle – Moscou  Genève – Irun

La demande existe

Pourquoi cet abandon des lignes de nuit ? Les compagnies de chemins de fer, et en particulier les CFF, prétendent que la demande est insuffisante. Dans les faits, ni les CFF, ni la Deutsche Bahn (DB) ne livrent des chiffres qui étayent ces arguments. En janvier 2015, Ulrich Homburg, membre du comité de DB, a même affirmé l’exact opposé lors d’une audition publique au parlement allemand : « Nous savons sans doute aucun que la demande est stable et bonne. Il s’agit d’ailleurs là d’un des seuls points sur lequel tout le monde s’accorde. »

Un week-end d’action européen

Back on Tract est une large coalition européenne qui organise ce week-end du 19 au 21 juin, diverses actions dans des gares européennes pour dire « Sauvons les trains de nuit – Rendez-moi mon train ». Après l’action à Genève ce vendredi, des actions auront lieu jusqu’à dimanche à Madrid, Berlin, Vienne, Paris, Copenhague, Hambourg et Berne. En effet, depuis plusieurs mois, des organisations et citoyen·ne·s ont protesté en France et en Allemagne contre les suppressions de trains de nuit. Le gouvernement allemand lui-même a reconnu que la suppression de liaisons de trains de nuit va à l’encontre des objectifs de la politique climatique. L’Agence européenne de l’environnement a démontré à son tour l’impact très néfaste du transport sur de longues distances en avion ou en voiture et recommandé le train en lieu et place.

L’avion ne paie pas ses coûts réels

La Deutsche Bahn (DB) explique ses décisions par la hausse des coûts et la compétitivité du transport aérien low-cost. Or, ce dernier est seulement concurrentiel parce qu’il ne paie pas ses coûts véritables. Il s’agit du seul mode exonéré de taxe sur le kérosène et de TVA sur les billets d’avion. La DB ne dit pas toute la vérité en invoquant la rentabilité moindre des liaisons de nuit. En effet, ces compagnies misent tout sur la rentabilité très forte des lignes à très grande vitesse, au détriment de tout autre forme de transport un peu moins rentables (desserte fine, trains de nuit, etc.).

Déjà près de 9000 signatures pour la pétition d’actif-trafiC

Le 20 janvier 2015, l’association actif-trafiC a organisé une action à la gare centrale de Zurich, avec pour slogan « Sauvons les trains de nuit ! » et lancé une pétition. Près de 9000 personnes ont signé cette pétition à ce jour pour demander à la Conseillère fédérale Doris Leuthard et au PDG des CFF Andreas Meyer de maintenir les lignes de nuit toujours en service et de remettre en service les lignes supprimées, en particulier les trajets Genève - Zurich - Rome // Genève – Barcelone // Bâle – Moscou // Genève - Bruxelles et Bâle - Copenhague. La Conseillère fédérale Doris Leuthard devrait en outre élaborer une stratégie pour le transport ferroviaire de passagers. Supprimer des moyens pour le rail comme le Conseil national vient de le faire en coupant 40 millions dans le cadre des mesures d’austérité cette semaine, va à l’encontre d’une politique des transports écologique et d’un transfert de la voiture et de l’avion vers le rail.

10 à 50 fois plus de CO2 en avion pour le même trajet !

En réponse à une interpellation déposée au parlement par la co-présidente d’actif-trafiC, la Conseillère nationale Aline Trede, le Conseil fédéral convient qu’un voyage en avion occasionne 10 à 50 fois plus d’émissions de CO2 par kilomètres-personne que ce même trajet en train. Pour exemple : un trajet de Berne à Hambourg en train occasionne 33 kg d’émissions de CO2 contre 450 kg en avion. N’est-ce pas là une excellente raison d’inciter à recourir au train sur de longues distances en Europe, en particulier quelques mois avant la tenue du Sommet du climat à Paris fin décembre 2015 ? Autre problème : le Protocole de Kyoto ne tient pas compte du trafic aérien dans les objectifs de réduction… Nous osons espérer que le Sommet de Paris accouchera d’un protocole plus contraignant et plus efficace !

Quelles perspectives d’avenir ?

Back on Track, cette coalition d’associations européennes en faveur des trains de nuit et des trains-auto s’est réunie fin mai à Paris, pour discuter d’une stratégie commune en vue du développement des liaisons ferroviaires transeuropéennes. Des représentant-e-s de 8 pays y ont assisté : Suède, Danemark, Allemagne, Belgique, France, Suisse, Italie, Espagne et Autriche.

Des motions parlementaires sont prévues dans les divers pays ainsi qu’au Parlement européen. Les syndicats allemands s’intéressent de près à la problématique, car le démantèlement des trains de nuit pourrait affecter 1'000 emplois dans le secteur du rail. Une étude de l’Union internationale des chemins de fer (UIC) montre qu’il existe un potentiel considérable pour le transport ferroviaire de nuit . Cet aspect sera encore analysé plus finement durant ces prochains mois.


Citations

Thibault Schneeberger, co-secrétaire d’actif-trafiC :
« Le trafic aérien, en plus d’être un grand générateur de nuisances (bruit, pollution) au niveau local est un secteur d’émissions de CO2 en forte croissance. À l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique devrait être plus que jamais une priorité absolue, les jours du kérosène non taxé sont comptés : il est inacceptable de supprimer cette alternative confortable à l’avion. Cette question ne peut pas être considérée sous l’angle de la rentabilité : c’est une question fondamentale de service public écologique. »
Andréa von Maltitz, co-secrétaire d’actif-trafiC :
« Au-delà des aspects écologiques, il y a de vrais avantages à voyager en train de nuit. On ne voit pas passer le trajet car on s’endort à la gare de départ et on se réveille une fois à destination. De plus, l’enquête menée par actif-trafiC montre que les passagers reconnaissent nombre d’avantages non éco-nomiques : une liaison directe sans transbordement, un meilleur confort notamment pour les familles (on peut se déplacer librement dans le train), une offre gastronomique de qualité, pas de file d’attente dans un aéroport congestionné, la possibilité de transporter des vélos, pas de limitation de bagages, etc. »
 
Philippe de Rougemont, usager :
« Avec ma famille, nous nous rendons depuis plus de 20 ans au Danemark chaque année. Jusqu’à il y a peu, il était possible de relier Genève à Copenhague, moyennant un simple changement à Bâle. C’était extrêmement pratique, agréable et convivial en particulier en famille : d’ailleurs, les trains étaient réservés et pleins longtemps à l’avance. Désormais c’est devenu beaucoup plus compliqué car il faut s’arrêter à Hambourg, puis attendre une journée pour repartir. »

Contacts: Thibault Schneeberger    —   Andréa von Maltitz 
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